Lamia Bouadi

Les partenariats pouvoirs publics - organisation de l’ESS

Les partenariats pouvoirs publics-organisation de l’économie sociale et solidaire-habitants au coeur d’un nouveau modèle de production de services sociaux

La crise sanitaire de la Covid-19 a bousculé le mode de vie des citoyens et a remis au coeur des préoccupations la question de l’organisation et de la gestion des services par les pouvoirs publics pour répondre aux besoins les plus urgents. La réponse, devenue de plus en plus évidente, est d’oeuvrer pour une nouvelle action publique où plusieurs acteurs peuvent jouer un rôle.

Ce présent article aborde les partenariats que les pouvoirs publics forment avec les organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) et les citoyens afin de proposer de nouvelles façons de produire des services publics notamment des services de proximité nécessaires pour accompagner le quotidien des gens. Ces partenariats sont encore plus urgents dans des espaces déjà bien fragiles avant la crise sanitaire, les quartiers politique de la ville.

La conception et la mise en oeuvre de ces partenariats sont illustrées à travers l’expérimentation d’un centre social coopératif emblématique de ce partenariat inédit entre une ville (Mairie), des associations et des citoyens-habitants d’un quartier politique de la ville. Ce partenariat peut apporter une réponse créative pour fournir de meilleurs services publics notamment en période de crise sanitaire. Toutefois, sa mise en oeuvre pose un certain nombre de questions que nous tenterons d’aborder tout au long des lignes qui vont suivre.

L’importance de repenser les modèles traditionnels de production de services de proximité

La crise sanitaire de la Covid19 vient accentuer une question bien ancienne dans les quartiers politiques de la ville(1), de repenser les modèles de prise en charge de la nouvelle question sociale (2). En effet, ces quartiers connaissent déjà depuis des années 1980 une crise économique et sociale liées au chômage, à la précarité et à l’exclusion.

La recherche de nouvelles méthodes d’organisation et de prestation des services offre la possibilité de repenser les modèles traditionnels dans lesquels l’Etat (au sens de pouvoirs publics(3) a le monopole de la définition de l’intérêt général. Ce monopole connait ses limites depuis quelques décennies et se manifeste dans la difficulté des pouvoirs publics à répondre aux besoins et à faire face à une crise de confiance de la part des citoyens (multiplication des mouvements sociaux, des soulèvements dans les quartiers(4) et plus récemment le mouvement des gilets jaunes).

Ainsi, la recherche de nouvelles méthodes renvoie à la redéfinition des frontières entre les pouvoirs publics et la société civile. Cette dernière principalement incarnée par les organisations de l’économie sociale et solidaire et les citoyens. Il faut rappeler que les initiatives de l’économie sociale ont eu un rôle dans la construction de l’État social (plus connu après la deuxième guerre mondiale sous le nom d’Etat-providence) et elles ont continué à inspirer et être un partenaire des pouvoirs publics. Ce qui est nouveau aujourd’hui est une recherche de renouvellement de ces partenariats en associant davantage les citoyens, les habitants, bref les gens.

  1. Les quartiers politique de la ville sont des zones géographiques concernées par la politique de la ville. Selon le ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales : «la politique de la ville est une politique de cohésion urbaine et de solidarité envers les quartiers les plus défavorisés. Elle vise à restaurer l’égalité républicaine et à améliorer les conditions de vie des habitants en mobilisant toutes les politiques publiques.
  2. La nouvelle question sociale renvoie aux travaux de Pierre Rosanvallon (1995) pour repenser l’Etat-providence.
  3. L’expression pouvoirs publics désigne les administrations nationales, locales et les collectivités territoriales.
  4. Soulèvement des banlieues représenté par les émeutes des ‘’Minguettes’’ en 1983.
  5. Nous avons suivi cette expérimentation pendant deux années dans le cadre de nos travaux de thèse sur ‘’l’évolution des rapports Etat-société civile dans la gestion de la question sociale’’, les éléments exposés sont collectés dans le cadre d’une enquête auprès des acteurs (entretiens, observations, collecte de documents internes)
  6. http://www.education-populaire.fr/definition/‍
  7. Charte fédérale des centres sociaux et socio-culturels de France, 2000
  8. Entretien avec la Cheffe de projet du centre social coopératif.
  9. Bénévoles-administrateurs dans le réseau de la Fédération des centres sociaux de France
  10. Projet social du centre social coopératif, 2018(11)Au 35e Congrès des Scop tenu à Marseille, le ministre Benoit Hamon a promis un véritable "choc coopératif", http://recma.org/actualite/le-choc-cooperatif-de-benoit-hamon-35e-congres-des-scop‍
  11. Cette ville est équipée de 5 maisons de quartiers toutes en gestion communale avec un agrément CAF centre social.
  12. Ces services s’inscrivent dans les emplois-jeunes lancés en 1997, 310 000 emplois créés qui avaient pour objectif de lancer de nouveaux métiers dans le public et l'associatif (aide-éducateur dans les écoles, adjoint de sécurité auprès de la police, etc.). Pour approfondir : https://www.clesdusocial.com/octobre-1997-creation-des-emploisjeunes
  13. Art. 19 de la loi de 2001 portant diverses réformes d’ordre social, éducatif et culturel, afin de compléter la loi n° 47-1775 du 10 septembre 1947, portant statut de la coopération.‍‍

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